Par Rafik EL HERGUEM
La santé et la perennité des sportifs et des Tunisiens sont sacrées. Mais arrêter les compétitions sportives et l’activité même des clubs a un coût économique pas négligeable du tout.
Dans le monde entier, les pertes causées par l’annulation des championnats et des événements sont évaluées à des centaines de millions d’euros, essentiellement les recettes de la billetterie et les recettes commerciales (la vente des produits dérivés ainsi que le commerce des boutiques et des restaurants et des loisirs autour d’un stade ou d’une salle), celles des droits TV (à degré moindre), et aussi les recettes publicitaires (pas de compétitions, pas d’audience et pas de marques qui communiquent via le sport).
Le débat en Europe et en Amérique se situe autour des besoins financiers urgents, notamment les salaires des athlètes et des employés des clubs professionnels. On parle également des primes et des contrats d’assurance qui permettraient de réduire autant que possible les pertes potentielles. Il y a un casse-tête économique international lié à l’arrêt de l’activité avec des budgets et des plans changés en cours de route pour amortir les pertes. Pour notre sport, le constat est déjà amer : même avec une activité sportive continue, les finances sont fragiles avec des revenus aléatoires et déjà faibles pour ce qui est de la billetterie et des droits TV faibles qui concernent seulement le foot. Le casse-tête est surtout pour les salaires des joueurs «professionnels» en premier lieu. Les montants pas énormes du sponsoring sont liés, comprenons-le, à une visibilité générale liée aux matches. Sinon, ces montants dépendent de la générosité des parrains. Que peuvent faire nos clubs? Les trésoriers, déjà acculés, vont devoir échelonner le paiement des salaires, et attendre un «geste» des présidents-bailleurs de fonds ou de sponsors qui vont maintenir leurs engagements (ou une partie) envers les clubs. Sinon, les clubs ne peuvent pas compter sur le ministère des Finances pour injecter des fonds étant donné des affectations plus urgentes envers les PME et les secteurs productifs et exportateurs en blocage. Mais ça ne doit pas aggraver beaucoup une situation déjà pénible. Le tout passe par une compression des charges (quand il n’y a pas de compétition, certaines charges variables sont éliminées, telles que le transport, l’hébergement et les achats), et par une entente avec les joueurs pour patienter et participer à cet effort de maintenir les clubs dans un minimum d’équilibre. On est désormais dans un contexte de sport amateur.